Preacher et Outcast, le nouveau souffle des séries d’horreur ?

Les pilotes de Preacher et d’Outcast, deux nouvelles séries d’épouvante, viennent de sortir. La première produite par Seth Rogen est sans doute la plus attendue de la saison. Après le succès de The Walking Dead, la chaîne AMC mise beaucoup sur cette adaptation du comic très irrévérencieux. La seconde est moins médiatisée et pourtant… son créateur n’est autre que Robert Kirkman, le papa de The Walking Dead. Retour sur les deux pilotes !

Depuis le succès de The Walking Dead et des zombies en 2010 et d’American Horror Story en 2011, ressuscitant le mythe de la maison hantée, les séries de genre peinent à se renouveler, à l’exception de certaines qu’il serait injuste de ne pas citer (Penny Dreadful, Ash vs Evil Dead, The Enfield Haunting, In the Flesh…). Malheureusement, ces derniers mois ont été particulièrement décevants, ne proposant que des faibles copies des slashers des années 80, à l’instar de Scream, Scream Queens ou encore Slasher. Diffusée l’été dernier sur MTV, la série adaptée du film culte de Wes Craven, pêchait par son scénario facile et ses personnages stéréotypés. Quelques semaines plus tard sortait Scream Queens, une parodie insipide, ni drôle, ni inquiétante du duo Ryan Murphy-Brad Falchuk (American Horror Story). En mars dernier, la mascarade continuait avec Slasher … Et si l’on nous proposait enfin de bonnes séries d’horreur ?

Une planche du comic-book Outcast (Issue 1 : A darkness surrounds him) de Robert Kirkman, également showrunner de la série © Kirkman et Azaceta/comicvine.gamespot.com

Preacher et Outcast ont plus d’un point commun. Diffusées sur le petit écran aux Etats-Unis, les deux séries sont des adaptations de comic-books, intéressées par les mêmes thématiques mystiques. La première prend ses marques sur la chaîne AMC sous la houlette du duo Seth Rogen et Evan Goldberg, spécialistes de la comédie graveleuse, SuperGrave et L’Interview qui tue en tête. Annoncée depuis plusieurs années, la transposition de Preacher, impertinente, violente, excessive, controversée et outrancière, a été diffusée le 22 mai dernier. Mais la série est-elle au niveau du comic de Garth Ennis et Steve Dillon ?

Un prêtre, un vampire et une tueuse à gages 

Les premières minutes donnent le ton. En Afrique, pendant le prêche d’un prêtre africain, un esprit (maléfique ?) s’unit avec le corps du saint homme devant ses fidèles médusés, mais le fait imploser aussitôt. Un essai raté pour Genesis (c’est son nom), qu’il tentera de nouveau en Russie, puis aux Etats-Unis, offrant un savoureux moment : l’annonce de la mort de Tom Cruise, chef de l’Eglise de la Scientologie. Lui-aussi aurait littéralement explosé… Preacher offre d’autres moments d’irrévérence, d’humour noir et d’hémoglobine, mais l’ensemble est encore trop timide dans ce pilote.

Cassidy (Joseph Gilgun), vampire irlandais dans la série Preacher © Matthias Clamer/AMC

A défaut de lancer une réelle intrigue, Preacher installe le décor et les héros. Il y a d’abord Jesse Custer (Dominic Cooper), un révérend texan d’un village paumé, au passé sombre et à la foi vacillante. Il est le preacher qui donne son nom à la série. Possédé par Genesis, il devient le porteur de la parole divine. Dans les 75 épisodes du comic, il partait sur les routes, à la recherche de Dieu, avec Cassidy (Joseph Gilgun, déjà génial dans This is England et Misfits), un vampire alcoolique et Tulip (Ruth Negga), une tueuse à gages un peu dingue,  annonçant de sanglantes nouvelles aventures… En attendant, Preacher s’impose déjà comme LA série à suivre, portée par un excellent casting, une atmosphère de western surnaturel et une photographie soignée. Pourtant, une autre série peut lui faire de l’ombre : la discrète mais glaçante Outcast.

Séances d’exorcisme et traques de démons

Le comic-book Outcast est plus récent que Preacher. Publié à partir de 2014, l’œuvre de Robert Kirkman (le créateur de The Walking Dead) et du dessinateur Paul Azaceta, est adaptée pour la chaîne Cinema, filiale de HBO. Dans la ville de Rome, en Géorgie (encore un cadre rural, assez désert), le héros Kyle Barnes (Patrick Fugit) est un type perdu et superstitieux, hanté par ses fantômes. Outcast semble être une histoire de malédiction : un ou plusieurs démons le traquent en possédant ses proches, à commencer par sa mère. Un trauma, exploité dès le premier épisode qui multiplie les flash-backs, comme dans le comic-book.

Kyle Barnes (Patrick Fugit), héros de la série Outcast, de Robert Kirkman © Niko Tavernise/FOX International Studios

La peur est au rendez-vous avec cette nouvelle série car contrairement à d’autres œuvres horrifiques, le danger dans Outcast vient de l’intérieur. La série propose déjà de belles séances d’exorcisme, dans une chambre d’enfant, sur un jeune garçon très doué en lévitation et contorsion… On imagine aisément que le duo entre Kyle et le prêtre qui l’accompagne (Philip Glenister) se formera de nouveau pour se mettre à la recherche d’autres manifestations diaboliques. Le pilote, diffusé le 3 juin prochain, assume déjà son ton sérieux et ses références cinématographiques. Dans la lignée de The Conjuring et de L’Exorciste, Outcast s’affirme comme une série maîtrisée et inquiétante. Preacher ou Outcast ? A défaut de choisir, regardez les deux !