Le bilan des séries 2015/2016 !

L’heure du bilan est arrivé : la saison séries qui s’achève a apporté son lot de bonnes surprises… Entre premières saisons prometteuses (The Aliens, Outcast…) et séries au succès confirmé (Peaky Blinders, The Americans…), ce top est pourtant loin d’être exhaustif ! Découvrez les 10 séries, qui selon moi, ont marqué cette année télé depuis un an. Place au bilan séries 2015-2016 !

(10) The Aliens. Petit ovni télévisuel, cette première saison portée par le duo Michael Socha-Michaela Coel mélange un scénario délirant avec un brin de science-fiction, à la manière de la géniale Misfits (2009-2013). D’ailleurs annoncée comme la digne héritière de la série (les créateurs sont les mêmes), The Aliens ne parvient pas au niveau de folie et de drôlerie de Misfits. Le scénario est barré (des Aliens sont parqués dans un ghetto et vivent du trafic de leurs poils, hautement hallucinogènes pour les humains), les personnages sont tout en nuances (spécialement Lewis, un garde-frontière qui découvre qu’il est le premier homme à moitié extraterrestre), et la réalisation particulièrement soignée.

(9) Outcast. Difficile de juger une série sur seulement quelques épisodes et pourtant les débuts d’Outcast sont très prometteurs. Kyle (Patrick Fugit) a eu une enfance difficile, sa mère a été possédée par un démon et vit désormais dans un état végétatif, depuis l’exorcisme. Devenu adulte, Kyle doit se rendre à l’évidence, l’entité démoniaque, matérialisée à l’écran par une grande flaque noire volante, semble résolue à poursuivre le héros. Les cas de possession se multiplient et avec l’aide d’un pasteur exorciste, il décide de venir en aide aux familles touchées. Robert Kirkman (créateur du comic et de son adaptation télévisée) a fait le choix d’une grande sobriété. Les scènes d’horreur sont encore peu nombreuses mais la tension est quasi constante. Les souvenirs d’enfance de Kyle sont d’une rare violence et construisent l’atmosphère glauque d’Outcast. Chaque nouvel épisode apporte une nouvelle clef de compréhension et tient le spectateur en alerte.

Noah (Dominic West) et Alison (Ruth Wilson) entament une liaison, à l’origine de The Affair © Showtime Networks Inc.

(8) The Affair. Après une première saison particulièrement brillante, retraçant l’histoire d’une liaison et de ses conséquences, Sarah Treem et Hagai Levi poursuivent leur exploration du couple et de l’infidélité. Les héros Noah (Dominic West) et Alison (Ruth Wilson), sont désormais ensemble mais l’idylle ne tourne pas comme prévu : le passé se dresse entre eux et les doutes se font plus forts. Particulièrement juste et saisissant. Pourtant, ce qui faisait l’originalité de la série – chaque épisode était divisé en deux parties, racontant chacune le point de vue des héros sur le même événement, a disparu dans cette deuxième saison. Plus inconstante, The Affair se concentre sur la vie de ses personnages – incluant ceux d’Helen (Maura Tierney) et de Cole (Joshua Jackson), les époux trompés, mais perd un peu le message originel, à savoir que chacun à sa propre vérité. Malgré la narration plus lisse, le scénario gagne en richesse et en complexité. L’enquête policière évolue et ajoute un nouveau degré d’intensité dramatique.

(7) You’re The Worst. A l’origine, You’re The Worst est une comédie avec des personnages hauts en couleurs et plein d’entrain. La saison 2 change la donne et penche du côté de la comédie dramatique. L’héroïne, Gretchen (Aya Cash) est affligée par une dépression et son compagnon Jimmy (Chris Geere) va essayer de l’en sortir. Rares sont les séries comiques de ce format à avoir osé le traitement de cette thématique avec autant de justesse et d’élégance. Sans temps mort, chaque épisode de You’re The Worst voit Gretchen s’engouffrer de plus en plus dans la maladie malgré les efforts continus de ses proches pour l’en sortir. C’est déroutant mais étonnement profondément tendre.

Cillian Murphy est Thomas Shelby dans Peaky Blinders © BBC (British Broadcasting Corporation)/Independant.co.uk

(6) Peaky Blinders. La série de Steven Knight rempile pour une troisième saison. Les six épisodes diffusés au mois de mai ont apporté leurs lots de rebondissements… Mariage, décès, chantage… Rien n’est épargné au héros Thomas Shelby (Cillian Murphy, excellent), qui gravit les échelons de la classe sociale. Dommage puisque les héros délaissent ainsi les ruelles inquiétantes de Birmingham, associées à l’esthétique sombre et soignée de Peaky Blinders. Le récit est lourd et les enjeux de cette nouvelle saison complexes. Cette saison 3 déçoit mais le spectateur saura trouver dans la bande son, toujours aussi rock, et dans la psychologie des personnages, toujours aussi redoutables, des bonnes raisons pour regarder cette série remarquable.

(5) The Americans. Rien ne va plus pour Philip (Matthew Rhys) et Elisabeth Jennings (Keri Russell), les deux espions infiltrés du KGB. Leur fille, Paige, a découvert leur véritable identité et bouleverse l’équilibre familial. Alors que la menace d’une guerre nucléaire se fait plus grande, le couple doit faire face à ce nouveau danger. Les interprètes sont tout en nuances et la mise en scène, subtile, pleine de regards et de non-dits. Une vraie série d’espionnage !

(4) Mr Robot. Nouveauté diffusée sur la chaîne américaine USA, Mr Robot est une série phénomène. Elle trouve sa particularité dans sa réalisation, son récit et son interprète principal, l’incroyable Rami Malek. Il incarne Elliot, un jeune antihéros complexe et asocial qui flotte entre le réel et les illusions. Il passe ses nuits à hacker les comptes des gens qu’il croise pour mieux les connaître et ses jours à travailler pour une entreprise de cyber-sécurité. La série prend un virage politique lorsqu’il croise Mr Robot (Christian Slater) qui lui propose de faire tomber sa compagnie et ceux qui dirigent la société… Sam Esmail, le créateur, propose une série esthétique, fascinante et très cynique sur le monde d’aujourd’hui.

Dev (Aziz Ansari), héros de Master of None. © K.C. Bailey/Netflix

(3) Master of None. Attention, petit chef-d’oeuvre ! Sortie à l’été 2015, Master of None est une série atypique dans la lignée des meilleurs épisodes de Girls. Écrit et interprété par Aziz Ansari (le génial Tom dans la géniale Parks and Recreation), la série de dix épisodes de 30 minutes, aborde de multiples thématiques ultra contemporaines rarement explorées avec autant d’aisance, de justesse et d’humour. Dev est un jeune trentenaire d’origine pakistanaise qui essaie de percer dans le cinéma. À travers ses expériences, Master of None explore dans chaque épisode, une facette  du quotidien de la génération de Dev : le rapport à la famille, aux nouvelles technologies, aux techniques de drague… Mention particulière au quatrième épisode « Sauce Curry » dans lequel le héros se retrouve confronté au racisme ordinaire lors d’une audition. Avec beaucoup d’humour, il dézingue les clichés (le générique est une succession de scènes de cinéma), dénonce cette discrimination et se questionne : « Pourquoi les Indiens sont-ils toujours cantonnés au rôle de chauffeur de taxi? ». Mordant, juste et drôle.

(2) Fargo. Après l’excellente première saison, qui s’inspire librement du film éponyme des frères Coen, Fargo revient avec un scénario original encore plus excitant, porté par de grands acteurs, Patrick Wilson et Kristen Dunst en tête. L’histoire de cette deuxième saison est toujours aussi alambiquée, avec son lots de malfrats et surtout de personnages ordinaires confrontés à des situations extraordinaires. L’élu est Ed Blomquist (Jesse Plemons), boucher dans la petite ville de Fargo en 1979. A la suite d’une tuerie dans un restaurant et d’un concours de circonstances, Ed se retrouve mêlé à une guerre de clans, menée par la famille mafieuse locale des Gerhardt. Très intelligente et remarquablement bien écrite, Fargo est addictive. Le plaisir est quasi jouissif d’observer ces nombreux personnages s’entrecroiser et rechercher la vérité. La série laisse une grande place aux hasards et à la fatalité, offrant de savoureux moments.

Woody (Joseph Gilgun) et Lol (Vicky McClure), enfin réunis en famille dans This is England ’90 © Channel 4

(1) This Is England 90′. C’est l’année des adieux pour les héros de This Is England. Le réalisateur, Shane Meadows, a retracé le parcours d’une partie de la jeunesse anglaise, pendant presque une décennie. L’aventure commencée en 1983 par le film This is England (2006), s’était poursuivie à la télévision avec une suite en série, en trois saisons. La dernière, This is England ’90, est particulièrement émouvante. Les héros Woody (Joseph Gilgun) et Lol (Vicky McClure) ont grandi, ils sont devenus des parents, tourmentés mais plus responsables. À défaut d’une conclusion, Shane Meadows clôt ses dix années d’aventure pour des au revoir déchirants, laissant aux spectateurs, l’espoir que ces personnages reviendront un jour à l’écran. This is England est la meilleure série que vous puissiez voir. Elle vous rendra nostalgique, alors même que vous n’êtes ni Anglais(e), ni né(e) dans les années 1970, ni issu(e) de la classe populaire britannique. Regardez-là pour sa bande-son d’époque électrisante, ses nombreux plans aux ralentis frissonnants et pour la mise en scène unique et propre à Meadows. La perfection.

Et vous, quelles sont vos séries coups de cœur de cette année ?