Les époux Warren, spécialistes de phénomènes occultes, reviennent pour une nouvelle affaire de possession inspirée de faits réels : le cas Enfield. Dans une maison au Nord de Londres, la famille Hodgson est victime de phénomènes paranormaux qui vont vite attirer l’attention des médias… Derrière la caméra, on retrouve à nouveau James Wan, prodige de l’horreur et auteur de The Conjuring : les dossiers Warren. Très attendu par les fans d’épouvante, Conjuring 2 : le cas Enfield fait-il aussi peur que le premier opus ? Réponse.
Le talent de James Wan n’est plus à démontrer. Après avoir renouvelé le genre du torture porn avec la saga Saw (2004), le réalisateur a fait de l’épouvante vintage son domaine de prédilection. Si en 2007, Dead Silence posait les bases d’un cinéma d’horreur plus traditionnel, les succès publics et critiques d’Insidious (2010) et The Conjuring : les dossiers Warren (2013) ont imposé James Wan comme figure de proue de l’effroi old school. Le cinéaste réussit tout ce qu’il entreprend, même lorsqu’il s’agit d’emmener Fast & Furious 7 au sommet du box-office mondial. Sans vraiment d’équivalents dans le paysage des (grosses) productions horrifiques, il n’est donc pas étonnant de le voir revenir à ses premiers amours.
« Inspiré de faits réels… »
Inspiré d’une histoire vraie, The Conjuring a surtout permis à de nombreuses personnes de découvrir Ed et Lorraine Warren, écrivains et enquêteurs du paranormal. Décédé en 2006, Edward Warren Miney se présentait comme démonologue alors que son épouse toujours vivante est mondialement connue en tant que pour ses dons de médium. Trois ans après avoir mis en scène les mésaventures de la famille Perron, James Wan retrouve son couple fétiche et s’amourache d’une autre affaire réputée auprès des amateurs : le cas Enfield, plus connu sous le nom de « l’Amityville de l’Angleterre ». L’histoire a déjà inspiré une mini-série sortie en 2015, The Enfield Haunting mais n’avait encore jamais été portée à l’écran.

En 1977, Ed et Lorraine Warren (Patrick Wilson et Vera Farmiga) sont dépêchés au Nord de Londres, à la demande de l’Église catholique, pour examiner une nouvelle affaire troublante. Dans le quartier d’Enfield, Peggy Hodgson, une mère vit seule avec ses quatre enfants, Margaret, Janet, Johnny et Billy. Victime de manifestations ne trouvant aucunes explications rationnelles, la famille pense dans un premier temps que leur maison est « juste » hantée par un esprit humain. L’arrivée des spécialistes permet de rendre compte qu’il s’agit en réalité d’une entité démoniaque. Janet (Madison Wolfe) montre bientôt les signes de possession maléfique. Commence alors l’une des enquêtes paranormales les plus terrifiantes menées par le couple Warren…
Le cas Enfield, de la réalité à la fiction
Effrayantes, les infortunes des Hodgson ont particulièrement suscité un véritable tourbillon médiatique à la fin des années 70. Si dans un premier temps, les autorités ont témoigné en faveur de la famille, le poltergeist d’Enfield a divisé certains spécialistes et continue toujours d’alimenter les débats. Nombreux ont estimé que les évènements décrits ont été manigancés par les deux filles aînées Janet et Margaret. Canular ou fait réel, James Wan tranche en faveur de la seconde option. Mais conscient du potentiel narratif et surtout marketing du fait divers (le premier opus avait rapporté plus 318 millions de dollars dans le monde), James Wan prend le soin de traiter cette polémique, notamment à travers le personnage de la psychologue Anita Gregory interprétée par Franka Potente, une des figures sceptiques à l’époque. Les familiers de l’affaire auront quant à eux le plaisir de reconnaître le personnage de Maurice Grosse (Simon McBurney) , un des premiers enquêteurs du paranormal à avoir interviewé la jeune Janet pour BBC Scotland.

Respectueux du matériel original, le cinéaste n’hésite toutefois pas à romancer son scénario quitte à prendre quelques libertés. Contrairement à ce que le film voudrait nous faire croire, Ed et Lorraine Warren n’auraient passé qu’une journée dans la maison et non trois jours. Que l’on se rassure, ces différences n’enlèvent aucun plaisir au visionnage du film. Malin et plaisant, Conjuring 2 : le cas Enfield confirme l’excellente maitrise de James Wan. Dès sa séquence d’introduction (surprise), le long-métrage s’envisage comme un tour de grand huit, enchaînant à un rythme impressionnant les moments stressants et les actes de bravoure. Sans surpasser l’original, cette séquelle manie parfaitement les clichés du genre et perpétue l’ancrage old school du premier film : l’absence de technologies avancées, les années 70 fidèlement retranscrites dans les décors, les vêtements, la musique…Rien n’est laissé au hasard dans le cinéma de Wan.
Des frissons, des cris…et puis l’ennui
Toujours en mouvement, la caméra multiplie les effets de style, ne cesse de jouer avec l’attente du spectateur et trouble même les pistes. Dans une scène, ce dernier suit le petit Billy (Benjamin Haigh) lors d’une promenade nocturne. Placée dans le jardin, la caméra montre le garçon boire de l’eau devant l’évier de la cuisine, nous faisant pertinemment croire à une apparition maléfique derrière lui ou dans la fenêtre adjacente. Il n’en sera finalement rien. D’autres fois, le réalisateur emprunte volontairement ces sentiers battus quand on s’y attend le moins. Comme par crainte de tomber dans une routine visuelle, le cinéaste varie les points de vue différents : une scène d’interrogatoire où tous les personnages doivent tourner le dos à Janet possédée, l’utilisation parcimonieuse d’ombres menaçantes en arrière-plan, ou encore une scène intégrale tournée à la première personne… Pour Wan, le répit n’est pas permis pour le spectateur éprouvé.

Pourtant, cet enchaînement très mécanique finit par perdre de son génie sur la durée du film (2h11). La première heure, solide et parfaite, s’attache à décrire la manifestation des phénomènes paranormaux : le déplacement ou l’animation d’objets et de meubles, les premières persécutions sur les adolescentes…tout ce que les Warren décrivent comme la phase de « l’infestation ». Efficace et flippante, cette entrée en matière en fera trembler plus d’un. La deuxième partie trop explicative souffre malheureusement d’une baisse de rythme et d’un mélodrame inutile. Le dénouement du cas Enfield donne même l’impression d’être injustement expédié. À l’image du décevant Insidious 2 (réalisé aussi par James Wan), Conjuring 2 tente d’approfondir la mythologie et les personnages du premier opus. Les intrigues secondaires se multiplient et le spectateur finit par décrocher. Dans cette configuration, la famille persécutée passe au second plan au profit du couple de démonologues.
Aux portes de l’Enfer, un couple romantique
Interprété par les convaincants Patrick Wilson et Vera Farmiga, le duo Ed et Lorraine reste attachant et dégage un certain charme désuet. Leur histoire prend néanmoins une place trop prépondérante dans l’intrigue principale. Le temps de quelques scènes, le film d’épouvante va ainsi céder la place à un tableau maladroit de comédie romantique. Un ton qui continuera de raisonner jusque dans une dernière scène inattendue pour le genre. Dans Conjuring 2, l’amour et l’entraide (plus que la religion elle-même) permettent de triompher du Mal. Cette morale parfois encombrante et mal amenée peut décontenancer les amateurs tant elle prend le contre-pied des récentes productions horrifiques qui se complaisent dans des fins résolument pessimistes et sombres.

À défaut de réellement innover, James Wan sublime finalement le genre et, dans une année pauvre en réussites horrifiques, Conjuring 2 s’impose par défaut comme une production efficace au-dessus de la moyenne. Mais le long-métrage souffre du syndrome de la séquelle trop ambitieuse et pompeuse. Il perd même de son intensité dès lors qu’il sort des scènes de terreurs au profit d’un développement simpliste de ses personnages. Alors qu’un spin-off centré sur le personnage de la nonne (un rôle clé du film) vient d’être annoncé, James Wan a évoqué la possibilité d’une troisième aventure pour les couples Warren. Les chaises continueront de voler mais d’ici là, l’overdose aura peut-être eu raison de notre esprit.
Le premier opus m’avais donné une grosse frayeur, je vais me laisser tenter histoire de me faire dresser les cheveux sur la tête 😉
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Tu ne le regretteras pas ! 😉
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Un des rares films qui me tente en ce moment au ciné, le truc c’est que j’ai un peu peur de m’ennuyer au final. J’avais pas vu qu’il durait 2h11 ! J’avais beaucoup aimé Conjuring 1, et tous les films d’horreur vus en 2016 jusque là étaient nuls-moyens (je ne les ai pas tous vus, si vous en avez à me conseiller je suis preneuse !).
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En effet la durée de « Conjuring 2 » est peu commune pour un film de ce genre et peut rebuter. Néanmoins, je ne pense pas que tu trouveras mieux en salles.
Le premier semestre de 2016 est assez pauvre en réussites horrifiques… « The Witch », bien que décevant reste louable. « The Boy » et « The Door » semblent s’être plantés également….
Prochainement, » Lights Out », produit par James Wan (encore et toujours), risque d’être intéressant ! À voir 🙂
En revanche, du côté de la petite lucarne, tu peux trouver des pépites a l’instar d' »Outcast », série angoissée et angoissante ! (N’hésite pas à lire la chronique de Camille sur le premier épisode) 😉
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J’avais beaucoup aimé le 1er, j’espère avoir le tps de voir le 2nd.
Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!
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Oh la la! Rien que la première image, ça me fait trop peur! Ce ne sont pas des films pour moi, ça!
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Le premier était très bien. Sa suite à l’air d’être un peu trop longue (plus de 2h). J’aime beaucoup le choix de ton titre « le grand huit de la peur ». Je suis curieux de voir ce second volet, merci à toi 🙂
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Merci ! 🙂
J’espère que la suite te plaira également. Elle reste assez fidèle et cohérente à l’esprit du premier opus. Dommage que la durée (du film) desserve un peu l’ensemble.
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oui mon seul hic c’est la durée, j’ai hâte de voir ce film. Passe une bonne après-midi 🙂
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J ai été le voir hier soir. Je suis un peu déçue. Il y a quelques longueurs. J ai préféré le 1er
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Oooh très joli billet !! 😀
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé, autant que le premier, car il est dans la lignée tout en restant différent. Et surtout, malgré le côté marketing, James Wan fait de réelles propositions artistiques, et surtout, oui ça fait peur !
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Pour toi, quel film Conjuring fait le plus peur ? 🙂
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Bien que le deuxième opus soit plus généreux en jumpscares, le premier reste mon préféré (l’effet de surprise, la mise en scène) et me semble plus effrayant ! 🙂
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D’accord, je n’ai pas encore regardé le deuxième mais il me tarde de le regarder 🙂
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