T2 Trainspotting, désastreuse suite du film culte

Qu’est-ce qui a bien pu motiver Danny Boyle à réaliser la suite de son film culte Trainspotting ? Après la séance, la réponse est plutôt claire : par nostalgie. Le réalisateur britannique s’embourbe dans une histoire sans intérêt, alternant les plans clippés et les flash-backs de 1996. Le résultat est désolant. T2 Trainspotting, en salles depuis le 1e mars, ne mérite pas le déplacement.

En 1996 débarque sur les écrans une bande de camés d’Edimbourg, sortis tout droit de l’imagination du romancier Irvine Welsh. Adapté au cinéma par Danny Boyle, fort de son premier succès Petits meurtres entre amis, Trainspotting est immédiatement un succès public et critique. Devenu un film culte à de nombreux égards – générationnel, musical, visuel…, il relatait les aventures de 4 copains en perdition : Mark, Sick Boy, Spud et Begbie. Mélangeant le cinéma de Loach et une esthétique clippesque, Danny Boyle réussissait le pari de faire un film social à la fois cool et bouleversant.

20 ans plus tard, et une filmographie des plus éclectiques, le réalisateur britannique revient avec une suite, pas loin du désastre. Adapté de la suite du roman d’Irvine Welsh, Porno, T2 reprend les mêmes héros paumés. Il sera encore question d’argent, de petites magouilles, de drogue et bien sûr de trahison. Pour rappel, à la fin du premier opus, Mark Renton (Ewan McGregor) l’a faisait à l’envers à ses petits copains et volait la coquette somme de 16 mille livres, censés être divisée entre eux. Un final culte porté par le Born Slippy du groupe Underworld et le discours « Choose Life, Choose futur » de Renton. Avec son sac d’argent, le camé se promettait de changer, de devenir clean : « Going straight and choosing life », de devenir comme nous, avec le taf, la famille et la télé, entre autres choses. Plus le visage de Mark se rapprochait de nous, marchant vers son destin, plus celui-ci se floutait pour laisser place au générique final.

20 ans plus tard donc, revoilà le spectre de Mark Renton et son grand sourire flou qui refont surface dans un club de gym ultra connecté d’Amsterdam. Vieilli, notre héros dérape sur son tapis de course et s’écroule lourdement. De son côté, Begbie (Robert Carlyle), qui accuse le poids des années, se voit refuser sa sortie de prison. Quant à Simon (Jonny Lee Miller), autrefois Sick Boy, il extorque de l’argent à de vieux vicieux, faisant du chantage à la sex-tape, et Spud (Ewen Bremner), malgré sa femme et son fils, a replongé dans la drogue. Poussé par la nostalgie (ou par sa vilaine chute ?), Mark rentre à Edimbourg, retrouvant ses anciens partenaires. Evidemment, les retrouvailles sont musclées mais rapidement Simon entraîne Mark et Spud dans un projet de maison close…

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Quelques foulées au grand air pour Mark (Ewan McGregor) et Spud (Ewen Bremner), le seul des quatre, toujours dans la drogue… © Sony Pictures Releasing France

20 ans plus tard, les 4 mecs d’Edimbourg ont bien du mal à tourner la page de ces années de débauche et de drogue. La mort du bébé de Sick Boy, celle de Tommy, les coups de sang de Begbie, la trahison de Mark… Tous ces événements ont laissé sur eux une trace indélébile. Même Danny Boyle ne semble pas s’en être remis. Devenu réalisateur à Hollywood, en témoigne son précédent Steve Jobs, avec Michael Fassbender, il tente désespérément de renouer avec son pays. Film culte de toute une génération, Trainspotting ne peut pourtant pas être décliné à l’envie. La preuve ? Danny Boyle est incapable de se détacher des scènes qui ont fait le succès du film. Il case où il peut des flash-backs de 1996 et des bribes de la BO culte, mais sans jamais aller au bout de son idée. Quitte à surfer sur la nostalgie, autant nous servir les morceaux de l’époque, le Born Slippy évoqué plus haut, ou le Lust for life d’Iggy Pop (on aura seulement droit à la version remixée de The Prodigy). Mais il n’en sera rien, Boyle préférant une bande-son manquant cruellement de personnalité et de singularité.

20 ans plus tard, Danny Boyle replonge dans un montage nerveux qui a autrefois fait son succès. Le résultat est vain et l’esthétique plutôt vilaine. Boyle multiplie pourtant les effets visuels et les plans clippés bien inutiles : Mark et Renton défoncés dans leur salon se retrouvant sur un stade de football, Spud dévoilant à Veronika (Anjela Nedyalkova) ses talents de faussaire en écrivant dans les airs… Misant tout le sur le visuel, il en oublie totalement son scénario. Quid des retrouvailles de Begbie avec sa femme et son fils ? De celle de Mark avec Diane (Kelly McDonald, en 5e place dans le générique, mais pourtant à l’écran pendant 3 minutes…) ? Pourquoi se lancer dans autant de sous intrigues si c’est pour toutes les avorter ? Même celle de départ, la création d’un bordel, sera achevée dans la plus grande indifférence des intéressés. Finalement, dans toute cette pagaille, impossible d’oublier Trainspotting, chef-d’œuvre qui se suffisait à lui-même.

 

12 commentaires sur « T2 Trainspotting, désastreuse suite du film culte »

  1. Merci pour ta critique 👍je suis tout à fait d’accord avec toi Camille.😊 J’avais été emballé par le 1er opus 😄Mais la comme beaucoup de second opus il s’agit d’une suite sans grand intérêt finalement revoir le premier pour oublier le second. 😁

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  2. C’est rigolo parce que, autant j’ai adoré le 1er, et je suis très tenté par ce second… par curiosité… autant je ne suis pas du tout surpris de ce que tu en dit :

    Le film doit certainement être à l’image de ses personnages : pas loin de la 30aine, être paumé, drogué, et anticonformiste c’est rigolo et ça fait une bonne histoire très bien racontée, pas loin de la 50aine, ça fait futur vieux qui s’accroche de manière assez ridicule à une jeunesse qui était de toute façon, avec du recul, peu reluisante…

    J’ai du mal avec ses réalisateurs qui ont fait leurs armes et on un beau tableau de chasse, et qui, pourtant, l’âge avançant, veulent se prouver on ne sait quoi en tentant de surfer sur leur jeunesse… en s’étalant bin évidement…

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  3. Je n’avais pas prévu d’aller le voir, parce que j’avais trop peur. Je me disais que j’attendrais d’en profiter sur mon canapé. Du coup, tu confirmes cela, je ne pense pas le voir au cinéma.

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  4. J’adore Trainspotting mais j’avoue que cette suite m’enthousiaste autant qu’elle me fait fuir. J’ai lu de tout sur ce 2e volet. Et je ne vais pas me battre pour voir ce film qui n’a pratiquement plus de séances chez moi.

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  5. C’est fou comme les avis peuvent diverger. Pour ma part, j’ai passé un excellent moment de cinéma avec ce T2. Certes ce n’est pas un chef-d’oeuvre mais je trouve qu’il fait son travail : tout en gardant l’esprit du premier film, ce sont la vie de ces 4 copains, 20 ans plus tard, après drogue et trahison. Problématiques auxquelles répondent le T2 selon moi (peut-on vraiment se sevrer de l’héroïne ? quelle vie après ? – même si le parti pris est plutôt négatif de ce côté là -), et la trahison (intrigue du film)… ça peut paraître parfois trivial mais au final, ça fait aussi partie de la vie, à mon sens. J’ai bien aimé le côté nostalgique avec les flashbacks… concrètement Boyle a fait ce film pour ce faire plaisir et probablement par mélancolie, mais le visuel reste bon et les acteurs aussi…
    Cela dit, je suis ravie d’avoir lu ton article pour y confronter mon propre point de vue (c’est comme ça qu’une réflexion mûrit !)
    Bonne journée !

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  6. c’est dommage parce que le premier était vraiment culte. Il m’a marqué comme beaucoup lors de sa sortie à l’époque ! cette suite semble être une mauvaise idée, à voir si cela marchera au box office mais j’en doute. Toujours aussi plaisant de te lire Camille ! Je retire donc ce Trainspotting de la liste des films à aller voir, belle journée à toi ! 🙂 🙂

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