Originellement titré Lady Macbeth, le film de William Oldroyd est devenu en France, The Young Lady. Adaptée d’une nouvelle russe, La Lady Macbeth du district de Mtsensk, l’histoire a été transposée à l’époque victorienne, avec pour héroïne, la jeune Katherine. D’épouse malheureuse et délaissée, elle devient maîtresse du palefrenier, dominée par sa passion, et bientôt par la folie. Pour interpréter ce rôle, Florence Pugh, tout en intensité et retenue. Très beau film.
Elle est la révélation de ce début d’année : Florence Pugh. Dans The Young Lady, son premier grand rôle, la jeune actrice britannique incarne une jeune femme, presque une adolescente, accédant à la bourgeoisie par un mariage sans amour. Son mari Alexander (Paul Hilton), bien plus âgé, est rarement présent. Lors d’une longue absence, Katherine va rechercher la passion auprès du jeune palefrenier Sebastian (Cosmo Jarvis). Leur idylle, sauvage, installera bientôt en elle une passion démesurée teintée de folie et de pulsions meurtrières.

« Semblez être la fleur innocente, mais soyer le serpent qu’elle dissimule », écrit Shakespeare dans sa pièce Macbeth. Le choix de Florence Pugh pour le rôle de Katherine, n’en est que plus évident. Avec ses joues de poupées et sous son apparente docilité se cache en fait un esprit de révolte et d’émancipation, de plus en plus intense au fil des scènes. Plusieurs facettes de l’héroïne cohabitent dans The Young Lady. Il y a la Katherine sage, dans sa robe bleue sur le canapé. Celle qui est obéissante et discrète. Elle s’endort la journée, faute d’occupation – son mari lui interdit de prendre l’air. Et puis, après la rencontre avec Sebastian, lors d’une scène d’humiliation cruelle envers une servante, qui révèle déjà le caractère radical de l’héroïne, elle devient plus sauvage. Son mari et son beau-père étant absents, elle s’aventure dans les plaines venteuses des Landes anglaises, rappelant celles des Hauts de Hurlevent, témoins de la passion entre Catherine (encore une) et Heathcliff. Profondément cinématographique, ce paysage aride et monotone, annonce l’émancipation de son héroïne. Elle devient intrépide, mais aussi violente, comme par mimétisme des actes d’Alexander. L’épouse modèle devient alors la maîtresse passionnée, puis dominée par un machiavélisme auquel Florence Pugh épouse tous les recoins sombres, elle se mue en meurtrière cruelle.

Dans le cadre austère de ce manoir anglais, Katherine semble ignorante des règles de la morale. Seule l’envie dévorante de vivre, avec Sebastian, compte. Si inhumaine soit elle, au fil des scènes, Florence Pugh apporte, justement de l’humanité. Sans justifier ni pardonner, le spectateur comprend cette sublime héroïne romanesque. En transposant la nouvelle russe Lady Macbeth du district de Mtsensk, écrite par Nikolai Leskov dans ce paysage anglais victorien, William Oldroyd a choisi un climat propice aux envolées romanesques et aux romances tragiques. L’austérité des décors et le minimalisme de la mise en scène servent à comprendre : la monstruosité peut parfois prendre les formes les plus douces, et dans l’ennui peuvent naître les passions les plus dévorantes. Ici, Shakespeare, Flaubert et Brontë sont convoqués. Pour appuyer encore plus son propos, le réalisateur explore l’ennui par la routine, répétant plusieurs scènes en boucle. Pourtant, par un génial coup de maître, la lassitude ressentie par l’héroïne se transforme chez le spectateur en une singulière curiosité, tenu en haleine par les multiples rebondissements, jusqu’au final, glaçant.
Ouh ça fait sacrément envie ! Je viens juste de voir la bande-annonce après avoir lu ton avis et effectivement ça promet d’être une petite perle. Je le note vivement (ainsi que le roman de Leskov que je ne connais pas). Merci pour cette découverte !
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Je rejoins l’avis de Camille, ce film est un petit bijou, tour à tour glaçant et fascinant. 🙂 Et que dire de l’actrice, si ce n’est qu’elle est excellente !
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J’avais déjà envie de le voir, là j’ai très envie de le voir ! J’espère que j’en aurais l’occasion !
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Il faut absolument que j’aille voir ce film! Merci pour la découverte!
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Il me tente beaucoup, il me fait penser à En secret avec Tom Felton, une adaptation d’une nouvelle de Zola.
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Je ne me suis pas intéressée plus que ça a ce film, mais ton avis me donne très envie de le découvrir. Merci
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j’ai entendu parler de ce film et de cette actrice. Tu donnes sacrément envie de le découvrir car c’est typiquement le cinéma que j’aime. Passe un très bon weekend ! 🙂
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Un vrai bijoux ce film !
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J’ai beaucoup aimé ce film, surtout pour son actrice principale qui est renversante, mais aussi pour ses paysages de landes battues par les vents et pour l’atmosphère de plus en plus pesante distillée tout au long du film. En revanche, j’ai du mal à comprendre sa passion envers Sebastian (je veux dire, à part l’ennui et le goût de l’interdit, qu’est-ce qui peut bien la pousser vers lui ?).
Un très beau film !
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Salut,
The Young Lady est un film très remarquable ! De nos jours, il est très difficile de trouver des longs-métrages intéressants. La relation entre Katherine et ce jeune palefrenier est vraiment passionnante.
À bientôt !
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